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Charlotte Charpot, le blog de l'auteur.
5 novembre 2009

Qu'est-ce qu'on s'amuse!

... A dépenser de l'argent pour démontrer par de longs mois d'études ce que chacun peut mesurer de ses yeux et avec son simple bon sens en l'espace de dix minutes, juste pour avoir de quoi s'appuyer sur un magnifique rapport ministériel qu'on remettra en question encore et encore, en faisant encore et encore passer des lois imbéciles pendant que de grands pontes s'affrontent jusqu'à la remise en cause des compétences de chacun, la démission forcée du ministre, et la nomination du suivant?

En cela nous avons innové avec M. Chatel. Il a intégré la donne : on applique, on applique, on vient du privé, on gère les mécontents par l'ignorance, la sanction et la répression massive, peu importent les études, les opinions, les résultats, on tient le cap fermement. De toute façon l'érosion des hommes et des systèmes est prévue, on en programme les conséquences, et on calcule allègrement leur gestion par un savant aménagement du turn over et de la flexibilité géographique. Amen.

Hé bien voila. Que découvre-t-on aujourd'hui dans un article publié par Le Monde ? Que plus on a de liberté, moins on a d'égalité. Révolutionnaire. Pourtant, nous assistons parallèlement au renforcement des convictions du ministre ; "sisi" dit-il, "nous poursuivrons!!!! Regardez, dans six collèges, on est content!" Hé bien en Belgique, l'incroyable conséquence du libre choix de l'établissement, on la connait depuis longtemps : accentuation de l'effet ghetto, du repli communautaire, de la fracture sociale, de la libéralisation de l'enseignement, et hétérogénéité irrémédiable du contenu des enseignements. Peu importe, côté Français on étudie la chose, on n'entend pas les conclusions, d'un côté on cherche à remédier à la catastrophe, mais la mixité est devenue dangereuse au bout de tant d'années, les mieux lotis n'en ont plus vraiment envie pour finir....on ne sait plus réellement déterminer s'il est souhaitable pour tout le monde de faire marche arrière, et on se retrouve, sans ghetto urbain, avec des ghettos scolaires... C'est vrai qu'on a évité le pire après tout, en France on projette mieux : ghetto urbain PLUS ghetto scolaire, on n'est plus à ça près, après nous le déluge.

Bref. Appliquons nous utilement plutôt a définir l'identité nationale, mes amis,  pour être bien certains que ce qui n'entre pas dans la toute puissante définition sera rejeté ad-vitam. On tranchera dans le vif, et si d'aucun ont l'impression qu'on pourra une fois cette merveille définie, conclure "tant pis pour les autres, ils l'ont bien cherché, ce ne sont pas nos ognons, vive la liberté de creuser les inégalités", on aura tout gagné. 

Charlotte Charpot

Bonne lecture :


L'assouplissement de la carte scolaire, instauré à la rentrée 2007, renforce la ghettoïsation des collèges "ambition réussite", ces établissements scolaires dont les élèves cumulent les difficultés sociales et scolaires. C'est ce que souligne un rapport de la Cour des comptes présenté mardi 3novembre devant la commission des finances du Sénat.


ARTICLE DU MONDE :

 

C'est au détour d'une enquête sur les dispositifs éducatifs dans les quartiers sensibles que les rapporteurs de la Cour ont découvert un phénomène de renforcement de la ghettoïsation des établissements difficiles, conséquence de l'assouplissement de la carte scolaire. Nombre d'observateurs s'en doutaient, mais personne ne pouvait en apporter la preuve, le ministère de l'éducation nationale refusant de communiquer sur le sujet. Désormais, une première indication chiffrée existe.

Dans son rapport, la Cour des comptes estime que, sur un total de 254collèges "ambition réussite", 186 ont perdu "jusqu'à 10%" de leurs élèves du fait de la réforme de la carte scolaire voulue par Xavier Darcos.

Alors ministre de l'éducation, il avait jugé que la carte scolaire, qui affecte un élève dans un collège ou un lycée en fonction de son lieu de résidence, "n'assure plus l'égalité des chances et ne répond plus aux attentes des familles", car elle est "régulièrement contournée".

Même s'il chiffre à 7 %, et non pas 10 %, la perte d'élèves par certains collèges difficiles, l'actuel ministre de l'éducation, Luc Chatel, n'a pas contesté ces résultats. M.Chatel dit attendre, "d'ici à la fin de l'année, une étude plus détaillée" par ses services, le rapport rendu public par Jean Picq, président de la troisième chambre de la Cour des comptes, ne reposant que sur six collèges "ambition réussite" de trois académies: Aix-Marseille, Lille et Versailles.

Plutôt que sur la fuite des collèges difficiles par leurs élèves, le ministre préfère mettre l'accent sur "50 établissements “ambition réussite” qui sont devenus plus attractifs et ont gagné des élèves", et sur les familles qui "sont satisfaites de l'assouplissement de la carte scolaire". "D'ailleurs, le gouvernement entend poursuivre jusqu'à sa disparition", note-t-il.

De son côté, M.Picq admet que "six collèges difficiles, ce n'est pas très représentatif." "Mais personne n'a remis en cause nos conclusions, remarque-t-il. Nous avons vraiment rencontré tout le monde: principaux, équipes pédagogiques, recteurs, inspecteurs d'académie, élus, associations… Tous ont relevé un aspect positif: des élèves boursiers ont pu aller étudier dans de meilleurs établissements. Et un aspect négatif: la perte d'élèves." La Cour prône de ce fait l'accentuation de la lutte "contre la constitution de “ghettos scolaires”".

Le libre choix des familles mis en avant par MM. Darcos et Chatel n'en est pas un aux yeux de la sociologue Agnès van Zanten, pour qui "le choix de l'établissement n'a de sens que s'il y a une vraie offre. Or les familles doivent se déterminer entre un bon et un mauvais établissement, ce qui n'est pas un choix. Et comme elles choisissent toutes les mêmes établissements, cela crée de l'insatisfaction".

Pour l'auteure de Choisir son école (éditions PUF), le rapport de la Cour des comptes n'est pas une surprise: "L'idée était de récompenser les bons élèves des classes populaires. Les enseignants eux-mêmes les invitent à quitter les mauvais établissements, ce qui conduit à la fuite des “têtes de classe” et à la ghettoïsation." Même dépit du côté du SNES, principal syndicat du secondaire: "Le message d'origine qui était celui de la méritocratie scolaire, devient “quittez votre quartier”. Au bout de deux ans, on a des collèges qui ont perdu jusqu'à 40% de leurs effectifs", déplore Daniel Robin, co-secrétaire général.

Comment corriger ces effets pervers? Le SNES réclame plus de moyens. M.Chatel propose, entre autres, d'ajouter aux critères permettant l'accès à un meilleur établissement (boursiers, handicapés), le fait d'être élève d'un collège "ambition réussite". Ce changement pourrait cependant augmenter la ghettoïsation desdits collèges. MmevanZanten imagine, elle, d'"instaurer des quotas par catégories d'élèves (bons, moyens, mauvais) dans les établissements, comme l'Angleterre qui prend des mesures contre le libre choix".

La Cour des comptes estime, quant à elle, que la lutte contre l'échec scolaire fondée sur l'aide individualisée, ne peut plus reposer sur le volontariat des enseignants et des élèves. "Il faut intégrer cette aide dans les obligations de service, mais ça risque d'être la révolution", prévient M.Picq.

Marc Dupuis

Article paru dans l'édition du 06.11.09

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