Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Charlotte Charpot, le blog de l'auteur.
17 septembre 2009

Grève en Belgique

Ici en Belgique symboliquement, les enseignants ont fait une réunion syndicale d'une heure ce jour, et la RTBF a annoncé festivement "une heure de récré de plus pour les élèves!" youpi youpla boum c'était fête aujourd'hui les enfants, une heure de rien gratuit en plus. Grève ou réunion syndicale??? on ne le sait même pas.

Bref, penchons nous sur la nouvelle idée visant à faire des économies : travailler plus pour le même salaire! de quoi avoir un tout petit peu envie de changer de métier si ce n'était pas déjà le cas avant... Rappelons nous pour mémoire ceci : les chefs d'établissement disposent d'une petite flexibilité horaire pour aménager selon les exigeances du service à une ou deux heures près, les horaires des enseignants. Tout dépend du jeu des classes, du jeu des options, du jeu du nombre d'élèves, tomber juste relève du miracle. Ces heures non payées, il faut bien faire avec... nous avons nous les profs, tous le soucis que tout se passe au mieux, et sommes naturellement tous prêts à nous plier à cette légère fluctuation pour que tout se passe bien. C'est ça aussi, l'esprit d'équipe.

Le projet ministériel vise à abolir cette souplesse, afin que tout le monde preste ses cours au maximum de la plage horaire. Douce utopie? objectif réalisable?? Pour faire des économies on risque de verser dans quelque chose de totalement absurde et incohérent. Les chefs d'établissement feront bien avec, hein, il serait idiot que seuls les profs en souffrent, le casse tête va remonter l'échelle tout naturellement....pas grave s'il est question d'économies....mais que va-t-il se passer une fois que tout le monde sera à 22 ou 24H pile, et que... une heure va dépasser??? Allons-nous monter gaillardement à 25 ou 26? de manière a s'adapter??? et puis trois ans plus tard réformer le tout pour que tout le monde soit à 26 finalement, pour plus d'équité ???? 

Du coup, on voit fleurir de partout des articles dans les journaux, des profs qui las de lutter, pensent tout simplement à démissionner directement, d'autres qui n'en peuvent pus... cela étant, ce matin encore, sur nostalgie, j'ai entendu un prof martien dire ces mots : "oui, heu personnellement je fais 22H, et très honnêtement, je pourrais en faire, heu... mettons 23 ou 24, sans problème!" l'a-t-on payé pour dire un truc pareil???  n'a-t-il pas réfléchi plus de dix secondes à ce qu'implique un pareil positionnement pour ses collègues???

Parallèlement une autre enseignante qui se disait crevée et qui bossait jusqu'à 23H chaque soir, était mise en oposition avec une infirmière qui plaidait sa cause : " oui, les profs, d'abord ils font deux heures de cours, ensuite ils vont boire leur café, et puis ils font à manger à leurs enfants, et puis les courses, et ensuite ils doivent bien corriger leurs copies jusqu'à 23H mais c'est seulement parce que sur les heures de travail ils n'ont pas travaillé!!!" ... Belle image de ce que fait un enseignant de ses journées... Et si madame il était temps de réaliser que ce vieux cliché ne  tient plus, et que par ailleurs, si les conditions de travail des infirmières sont déplorables, et que chacun le sait, ce n'est pas une raison pour que les profs vivent encore pire par esprit de solidarité. Ne serait-il pas possible une bonne fois que l'opinion publique se ralie à la cause perdue des profs????

Mme la ministre a voulu lors de notre entrevue m'amener sur un terrain glissant : celui de me faire dire que selon les disciplines enseignées, nous n'avions pas une charge de travail identique. Mon expérience Française m'a appris à refuser directement ce type de considération. Le corps enseignant est déjà de par sa formation totalement divisé en Belgique. Je refuse de diviser encore plus les choses en cloisonnant la charge de travail d'un prof de math, d'une prof d'histoire ou d'un prof de sport. Il faut que nous soyons solides, et solidaires, pas chacun dans son coin, à manger son pain sec sans mettre en relation sa réalité avec celle du voisin.

J'ai été également surprise par certains propos : "si c'est ça je préfère chercher un autre travail directement".... les enseignants sont-ils à ce point fatigués qu'ils préfèrent la démission pure et simple à une lutte rangée pour leurs droits? se sentent-ils à ce point isolés? Il y a la contrainte financière aussi...

Je ne jetterai la pierre à personne, de mon côté, moi qui ai démissionné en quelques mois victime de l'isolement, et voyant la tragique réalité du terrain entre profs épuisés et trop démotivés pour se battre... en tout cas, cette fameuse de grève de 1996 a bien brisé les ailes des enseignants, l'homme qui a obtenu cela peut-être félicité, Bravo! Grâce à lui bientôt, il n'y aura plus de profs du tout, parce que ceux qui résistent, bientôt, reprendront à leur compte les classes et difficultés de ceux qui vont quitter le navire....bon courage.

Cela étant, c'est habile en période de crise économique, dans un contexte ou si les bourses se relèvent, les conséquences sociales n'ont pas fini de faire parler d'elles.... cela va en faire hésiter plus d'un malgré tout, et faire perdurer encore un peu l'idée que si ceux qui restent ont tenu face à la charge de travail, c'est bien qu'on pouvait l'augmenter encore un peu... hein... en faisant un petit effort???....


Publicité
Publicité
Commentaires
S
Diviser pour mieux régner...Vieux comme le monde...<br /> Bien d'accord avec ces propos...
Charlotte Charpot, le blog de l'auteur.
Publicité
Albums Photos
Charlotte Charpot, le blog de l'auteur.
Publicité