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Charlotte Charpot, le blog de l'auteur.
27 août 2009

Enfin! Une fil sur le livre sur Enseignons.be! et

Enfin! Une fil sur le livre sur Enseignons.be!

et ma réponse, la première, ci-dessous :

une chose m'étonne et m'étonnera toujours. Le territoire Belge est minuscule en comparaison du territoire Français. Il est vrai que mon expérience du territoire Belge a été limité à trois mois de cours. Je ne peux en rien affirmer que je connais ce système sur le bout des doigts, je l'ai à peine effleuré. En revanche ce que j'y ai vu est symptomatique d'un malaise énorme. Il suffit d'allumer son poste de télévision chaque soir.

Aujourd'hui par exemple : une école au minerval exorbitant qui n'avait jamais signalé que ses diplômes n'étaient pas reconnus par la communauté Française. 5 ans d'études pour rien. Obligation de recommencer si on veut devenir entrepreneur.

Pénurie en professionnel, plus d'enseignant, raison évoquée : "les professionnels sont grassement payés s'ils sont engagés et gagnent encore plus s'ils sont indépendants"

Pénurie de Préfets : bizarre bizarre, plus personne ne semble être attiré par la fonction.

Le système transpire le malaise à chaque détour. 3 sujets en une demi heure.

Et pourtant, une critique omni présente ici et ailleurs, vient des enseignants qui n'ont pas ou ne vivent pas la situation que j'ai traversé. Ainsi, ils ont "peur" que le bouquin soit pris pour la réalité quotidienne de tous, voir détournent les talons, ou à la limite, sont quasiment prêts à crier à la contrefaçon et au mensonge.


De l'autre côté de la frontière ou tout n'est pas rose non plus, mais ou tout n'est pas noir (et le fait est que mon livre n'évoque PAS les établissements moins durs que j'ai aussi traversés avec une direction intelligente et humaine, et une somme de problèmes largement moins importante) néanmoins, de l'autre côté de la frontière disais-je, c'est une crainte inexistante que celle de voir ce livre pris pour un témoignage universel. Chaque enseignant sait (et j'insiste sur ce point précis) que s'il est dans un établissement moins exposé que le voisin, la dégradation est à la porte de TOUT un chacun. Et chacun est prêt à soutenir les moins biens lotis. Jamais je n'entends ou n'ai entendu une critique visant à démentir les faits rapportés dans ce livre. Tous n'en sont certes, pas victimes, mais tous en ont néanmoins connaissance. (CF "ces profs qu'on assassine de Véronique Bouzou et tant d'autres livres et témoignages parus la bas).

Dans le fond, dénoncer ce qui ne va pas et ce qui a été vécu de façon violente, semble faire peur à ceux qui ne connaissent pas la situation. Je suis souvent interpellée en ce sens. Mais pour quelles raisons? Ceci m'échappe. De la même manière que m'échappe la chose suivante. J'ai entendu le chiffre de quinze années. Quinze longues années durant lesquelles on n'aura pas vu dans les rues une manifestation massive des enseignants. Je traduis ceci en ces termes délibérément polémiques : cela fait quinze ans que les enseignants savent que s'ils manifestent, il ne seront pas entendus. Et pourtant dieu sait combien sont en souffrance et combien ont connu PIRE que moi. J'insiste aussi sur ce point. Je n'ai JAMAIS vécu le PIRE. D'autres oui.

Je serais presque tentée, en réalité, de mettre ceci sur le compte de ce que chacun sait : la société Belge a deux vitesses, et il existe des mondes qui ne communiquent jamais. De la même manière qu'en France, lorsque l'on habite Nîmes depuis sa naissance, et je l'ai vu, il arrive qu'on n'ait jamais saisi que tout autour il y a une cité ghetto. J'ai vu des collègues y pénétrer les yeux exorbités à l'âge de 50 ans en disant "mon dieu, j'ai cru que le site était construit sur une décharge, je n'avais jamais pris conscience qu'une telle chose existait dans MA ville chérie"

Comme il est simple d'ignorer la réalité sociale à deux rues d'intervalle, un simple mur bien souvent sépare les villas des HLM.

pour mémoire : 

http://www.youtube.com/watch?v=t167PfGfDe4



l'absence de réalité architecturale y est-elle pour quelque chose en Belgique? La différence n'est pas visuellement frappante autant qu'en France? Néanmoins, qui meurt d'envie dans la salle d'enseigner a Schaerbeek, gare du nord, gare du midi, Molenbeek, Forest...etc?


Ainsi donc soit, non il existe des bastions paisibles dans lesquels enseigner n'est pas aussi dur que certains autres. Néanmoins, cette dénonciation vise à faire cesser l'hémorragie. Même dans des conditions d'enseignement acceptables, certaines choses ne le sont plus depuis longtemps au delà des élèves et de la salle de classe. La seule possibilité que le système est ainsi fait que moi, et tant d'autres en avons soupé à un point inimaginable sans aucun recours est inacceptable. Il n'y a plus de barrière face aux dérives, la seule reste la possibilité d'une étincelle d'humanisme plus vive chez certains dirigeants de bonne volonté. Mais... De moins en moins de candidats aux postes à responsabilités, je le rappelle...qui demain, prendra les commandes? à quoi devrez-vous être exposés sans défense?


C'était le premier point de réponse.

Le second porte sur ceci : je suis taxée d'élitisme. là encore, je ne sais pas si ce sera le cas en France, puisque la culture est différente. Pour moi, ne pas avoir bac + X n'est pas le signe qu'un enseignant est mauvais. on peut finir très bon en apprenant sur le tas. On peut avoir un don. On peut surtout être largement meilleur qu'un prof qui aura fait huit ans d'études acharnées.

Le soucis que je soulève se situe à un autre niveau.
Le fouillis absolu des formations actuelles, les différences inacceptables de rémunération (soyons logiques : si un enseignant universitaire peut être moins bon qu'un régent en secondaire inférieur... pourquoi faire une différence de traitement? La simple évocation d'une quelconque différence de travail me hérisse le poil, je ne voudrais pour rien au monde être instit pour cette raison là : je ne sais pas comment ils font pour tenir le rythme) toutes ces différences ont pour résultat un manque évident de cohésion. Sans harmonie des formations des rémunérations, des exigences, du cursus, on ne revalorisera JAMAIS le métier d'enseignant.

les lois sont mauvaises, et je ne suis pas faite pour appliquer bêtement des lois absurdes. Les lois sont faites pour bouger, pour être changées. La réalité du monde bouge, l'homme bouge, la société évolue, et là, en ce moment précis, il faut changer les lois relatives au système éducatif.

Je ne voudrais pas maintenant être à la place de Mme Simonet. Nous savons TOUS aujourd'hui que demain il nous faudra faire mieux avec les mêmes moyens voire moins. Nous savons tous que plus que jamais il est question de solidarité pour réformer ce système. Nous savons aussi tous j'imagine (et même les plus heureux d'entre nous) , que nous pouvons, à moyens égaux, faire mieux.

Pourquoi s'acharner alors à se diviser, et à se diviser encore si l'un d'entre nous apporte son témoignage pour faire bouger les choses dans le bon sens? le problème existe, je crois qu'il est difficile de le nier. Si vous saviez ce que les messages de ma boite mail contiennent d'histoires difficiles et d'émotions d'enseignants qui ont lu et qui ont vécu pire, vous ne pourriez douter de la véracité de ce que contient le livre. Par respect pour tous ceux qui n'ont pas raconté....pour qui il est trop dur de le faire encore après des années...il serait bon de cesser de mettre en doute ce qui a été le pire pour moi et n'en est encore qu'un pâle reflet pour certains.

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Commentaires
V
et prof de merde<br /> bien heureux que vous quittiez l'enseignement <br /> <br /> encore une 68arde de merde en moins dans notre beau système éducatif que la droite a laissé de côté depuis 50 ans
C
j'adore ce pays également et je m'y sens bien. Constater la déroute du système est donc encore plus triste...<br /> <br /> pour les autres points que vous relevez, je suis en parfait accord avec vous. Je connais hélas très mal le point du syndicalisme même si le peu que j'en ai vu m'a horrifiée... en toute honnêteté ce n'est pas évident d'arriver pour faire bouger les choses quand on en sait aussi peu... malgré tout, je me dis que ma candeur après tout m'évite bien des piétinement et des paralysies... j'ai simplement envie d'avancer et je pense qu'une théorie politico syndiocalo historique trop poussée sur le "comment en est-on arrivés là" finirait par me nuire...je regarde ainsi naïvement vers le futur. Mais je sens déjà que certaines solutions de bon sens se heurterons inévitablement au passé de ce pays... nous ne sommes pas en Belgique pour rien!
L
Chère collègue, <br /> <br /> Je n'ai pas encore lu votre livre, mais différents articles dessus et différents commentaires. Comme vous, je suis français, j'ai étudié en partie en FRance et en partie à BXL. Cela fait 12 ans que je suis "Belge" de coeur et de vie quotidienne. Et comme vous, je suis professeur en Belgique titularisé dans ma fonction (et fut même cadre dans le privée). Même si parfois à vous lire, votre propos est un peu violent, vous avez raison de pointer les problèmes. Je tiens à préciser que j'adore ce pays, que je n'ai pas l'intention de le quitter, il n'empêche voilà quelques explications par rapport à l'inertie du milieu belge des enseignants et des tirs de barage de certains qui sortent l'artillerie lourde contre votre livre : <br /> 1.Le nombre. IL y a en gros 4 millions de Belges francophones, contre 60 millions de français. 90000 profs (en comptant large) contre près d'un million de personnels de l'Education nationale. <br /> 2.L'absence d'esprit de corps. En France, tout le monde est recruté sur concours et tout le monde travaille pour le Ministère de l'éducation nationale. De par la construction de la Belgique la Nation belge est attachée à la "liberté de l'enseignement". Plusieurs réseaux cohabitant (CF, Communal, Provincial, Catholique). Ces réseaux sont concurents (la Belgique est un marché scolaire...le libéralisme carnassier y est le quotidien entre écoles). Cqfd, ces réseaux ne s'aiment pas, se détestent, se jalousent. Le commentaire d'une intervenante de votre forum qui parle de l'école ou vous étiez comme "une athénée certainement" en dit très très long.... <br /> 3.La Lutte des classes. Dans une école, il y a les régents et les licenciés. DE cette division, on a maintenant les nantis (titres requis) aux prolétaires (articles 20 et enseignants sans titres). Que les Nantis regardent avec incompréhension...et dégout presque...<br /> 4.L'effet 1995. En 1995, l'enseignement belge a connu des coupes drastiques et de nombreuses pertes d'emplois. Les profs ont mené une grande grève dont ils sont sortis 100% humiliés. Un dirigeant du PS Belge avait même traité les profs de "Socialo-fascistes" lors d'un congrès ou il avait été chahuté et pris à partie. <br /> 5.La mentalité belge et le syndrome du "pas dans mon jardin". A l'inverse du Français colérique et grande gueule, le Belge est bonasse et porté sur le compromis. Ce qu'il veut c'est pas d'ennuis. Le Belge va raler, pester mais au dernier moment, il va se mettre au garde à vous ! Sans compter que pour tous les enseignants "heureux", ceux qui souffrent dans "ce genre d'école" c'est un sujet tabou, une réalité qu'on ne veut pas voir. <br /> 6.La faiblesse du niveau des profs. Là je suis d'accord, le niveau des profs est trop souvent pas assez élevé. De mes collègues, combien lisent un quotidien ? Combien de profs de français n'ont ps lu d'autres livres que ceux qu'ils lisaient à l'université...<br /> 7.La politisation des syndicats. Rien de plus à dire c'est un des fonds du problème. <br /> Je vous remcercie donc de faire bouger les choses avec votre livre.
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